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Etat d’urgence… D’aimer!

« Daech frappe Paris! » Les images de l’horreur, de la violence aveugle inondent les chaînes d’informations ce vendredi 13 novembre. L’indignation, l’incompréhension et la révolte mobilisent naturellement avec une certaine unanimité nos concitoyens.

Huit jours après, les premières neiges s’abattent sur les Vosges et les Alpes : réjouissance des professionnels du tourisme et des stations de ski.

Un mois après, dimanche 13 décembre, résultats des élections régionales : querelles partisanes, indignation des uns, soulagement des autres, promesses exprimées « plus rien désormais ne sera comme avant », ou « l’avertissement lancé doit être entendu ».

Ces contrastes brutaux nous interrogent, d’autant qu’ils se vérifient à chaque fois : d’un côté le pire affiché sur les écrans, l’inhumanité mise en scène ; de l’autre une pseudo sérénité, une insouciance contrastante, un satisfecit déconcertant.

Etrange nature humaine capable d’osciller avec autant de sincérité et de conviction d’un pôle à l’autre de son registre émotionnel!

Ne convient-il pas de déceler dans ce processus, la manifestation d’une certaine cécité dont nous serions tous atteints ?

Plutôt que de se contenter de choisir son camp entre les « bons » et les « méchants », plutôt que s’accommoder d’un grand écart psychique sans jamais revenir à soi. Plutôt que de se contenter de croire que nous aurions éviter le pire électoral, ne pourrions-nous pas, justement, décider d’un temps d’arrêt et nous demander en quoi ces événements extérieurs parlent de nous ?

Le monde va mal, c’est vrai ; mais l’accent porte toujours sur la litanie des causes extérieures, rarement, pour ne pas dire jamais sur des causes intérieures.

Le monde n’est pas en paix. Les hommes ne le sont pas non plus.

Jamais nous ne mesurons que si le monde n’est pas en paix c’est que nous ne le sommes pas non plus.

Tant que nous ne produisons pas d’abord la paix en nous-mêmes, comment pouvons-nous espérer la proposer et la vivre avec autrui ?

Il est plus aisé de se mobiliser pour ces  » causes nobles  » extérieures (faire barrage à Daech, au FN, etc.), de même se convaincre de « partir au combat » que de s’autoriser à se laisser bouleverser par soi-même !

Car enfin ne portons-nous pas dans nos poitrines autant de poseurs de bombes à chaque fois que nous nous emportons, à chaque fois que nous critiquons et réglons son compte à l’autre, persuadés que nous sommes de sa culpabilité !

L’ennemi à combattre est avant tout en nous. Seuls l’amour et la miséricorde portés à l’enfant blessé dans son histoire et qui continue de souffrir en nous, peuvent transfigurer ce monde fou et inhumain.

Il y a urgence à aimer : aimer ce petit – cette petite en nous, être en paix avec lui – avec elle, faire la paix avec ses proches – son histoire – l’adulte que l’on est devenu, pour espérer vraiment se muer en être de paix pour autrui.

Jean-Luc Kopp et Emmanuel Girard-Reydet

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